Disparition
de Michel Salvadori et Marcel Lutz,
tous deux
Doyens du Canoë-Kayak Français.
Michel Salvadori est décédé le mois de Février 2010, dans sa 102 ème
année à la suite d’une attaque vasculaire cérébrale. Acteur infatigable au service
de la cause du canoë-kayak, Michel
mérite que nous rappelions ici, indépendamment de ses hautes fonctions professionnelles à la caisse des
marchés de l’état, sa carrière de
sportif, de littéraire, et de cinéaste.
Sa jeunesse
Dès son plus jeune âge, ses activités de scoutisme l’ont rapproché de
la nature et c’est à cette époque qu’il a acquit cette passion pour tout ce qui
permet à l’homme de s’intégrer harmonieusement à son environnement. Michel Salvadori était un canoéiste " d'avant-guerre ".
Tout d’abord membre du club de la Pagaie Condriote,
il devient à 28 ans membre actif du glorieux Canoë Club de France et restera
membre d’honneur de ce club jusqu’à sa mort.
Le canoéiste amoureux
de la rivière
Bien qu’il ait été sa vie durant attiré par la périssoire, ses
activités nautiques ont débuté en canoë. Le kayak pliant et le canoë entoilé
étaient les embarcations privilégiées de l’époque et c’est sur celles-ci qu’il
pratiquait ses activités de descendeur de rivières tranquilles avec sa famille
et ses amis. Michel était un amoureux du tourisme nautique itinérant. Il ne se
contentait pas de descendre les fleuves ou les rivières françaises. Après avoir
effectué leur descente, il participait ensuite activement à l’élaboration de
récits de croisière et parfois de guides favorisant les croisières
futures.
Le précurseur nautique
Toujours à la recherche de nouvelles techniques de construction, il a
incontestablement influencé de son vivant les techniques de construction
adoptées par les constructeurs nautiques au milieu du siècle dernier. Il a
écrit de nombreux articles techniques ou descriptifs sur la pratique du
canoë-kayak et de son matériel. Michel à été l’un des initiateurs du cabotage
itinérant en mer. Sorte d’hommage national, son canoë équipé d'une superbe
voilure, sera exposé au Musée d'Huningue actuellement en cours d'installation.
Le rédacteur
Vers les années 50, il devient à 42 ans rédacteur en chef de la « La
Rivière » de 1964
à 1971, revue trimestrielle éditée par
le CCF. Elle paraîtra régulièrement jusqu’à la deuxième guerre mondiale, et
après cette bien triste période continuera pendant de nombreuses années après
celle-ci. Cette Revue fait partie de l'histoire de la pratique du canoë
en France.et c’est grâce à son action
et son amour sans faille pour les activités nautiques de plein air que l’on
peut encore compulser ce précieux patrimoine littéraire. Michel était la
mémoire vivante du canoë-kayak. C’est avenue de l’Opéra, puis avenue
Parmentier, ou chez Seyler sur les bords de la Marne,
lors de contacts avec ses amis comme Jacques Bompunt,
Daniel Bonnigal, et les anciens Président du CCF Jean
Champeval et Michel Bertrand maintenant décédés, que
ses idées vont germer dans sa tête pour alimenter sa revue préférée. Il
connaissait et fréquentait la majorité des personnes actives et responsables de
la pratique et de l’évolution du canoë-kayak de
l’époque. Michel est aussi l’auteur de
nombreux livres le plus souvent édités par le Chasse Marée. « En canoë de la rivière à la mer »
toujours en vente, est
probablement le plus bel ouvrage de Michel. Il
retrace l’histoire de la construction et de la pratique du canoë des
origines à nos jours. Défenseur
infatigable de la cause du canoë-kayak, Michel a toujours cherché à mettre sur
le papier ses idées et c’est jusqu’à la fin, la tête encore solide, qu’il était
en perpétuel recherche d’éditeur. C’est ainsi que « Balades et Travaux « paraît peu avant sa mort.
Le cinéaste
Natif de Corse, il a estimé le premier que sa terre natale était
sillonnée de rivières particulièrement sportives et pittoresques. Passionné par
le tourisme nautique et cinéaste amateur
talentueux, Michel a persuadé deux équipes de son Club, le légendaire équipage
Paré Bracquemond et le C2 Garnier-Grossmann, qui sera second aux premiers championnats
du monde de descente en 1959 à Treignac, de se joindre au légendaire C2 Paré
Bracquemond pour partir à la découverte de ces rivières. Les films qu’il a réalisés dans les années 50 avec son ami
Georges Guignard ont rempli en son temps la prestigieuse salle Pleyel ou le Palais de Chaillot à Paris. Ces films très
réussis de descente de rivières sportives, réalisés en noir et blanc puis en
couleur, ont révélés son humour et sa sensibilité. Sans rien retirer à l'esprit
sportif de la rivière qui l'inspirait, chaque film comportait un petit
scénario. Michel a été plus particulièrement le cinéaste talentueux et amoureux
du paradis de l’eau vive corse. Il a filmé la descente en canoë et en kayak des
plus beaux fleuves de cette ile magnifique lors de leur première descente. A
cet égard on peut dire qu’il a été le créateur du tourisme nautique en Corse et
ceci bien avant que nos amis allemand ne prennent le relais. Le résultat a
dépassé les espérances, les rivières corses se sont révélées être les plus belles
d'Europe, et un fort courant touristique vers la " Belle IIe " en est
résulté, comprenant notamment beaucoup de hardis kayakistes allemands avec le
premier d’entre eux, le célèbre Josef Haas. Ses films, en passant au cours de
galas à Pleyel ou au Palais de Chaillot, ont naturellement participés à ce
succès. Peu avant sa mort, il a vivement regretté pour l’avenir du tourisme
nautique de « son île » le massacre environnemental provoqué par la
construction du barrage de Zoza sur le Rizzanese.
L’homme
Derrière cet homme inventif, passionné de rivières et de
bateaux, se cachait un guide et un ami d’une générosité sans pareille, d’une
grande courtoisie et d’une grande discrétion à tel point qu’il nous a toujours
caché qu’il avait été fait Chevalier dans l'Ordre de la Légion
d'honneur acquise au titre de sa carrière professionnelle à la Caisse des
marchés de l'Etat. Michel était toujours très
respectueux de chacun, à tel point que nous ne lui connaissons aucun différent
avec qui que ce soit.
Marcel
Lutz est décédé le 14 Avril 2010 dans sa
100 ème année.
C'était le doyen des Internationaux français de canoë-Kayak. Il avait participé, en 1947, au premier
Championnat d'Europe de slalom à Genève. Cette compétition fut la première en
eaux vives de l'histoire du canoë-Kayak, le slalom n'étant pas pratiqué en
compétition avant la seconde guerre mondiale. On peut donc dire que Marcel fut
l'un des tous premiers Internationaux français en eaux vives, il se classa
second des 5 Français sélectionnés. On le trouve aussi aux premiers
Championnats de France de slalom en 1948 à Orléans. Il fut Président de la
Commission Nationale de course en ligne de la Fédération Française de
canoë-Kayak en 1962. Sa fille Gabrielle fut la meilleure Française de la course
en ligne des années 60. Elle fut sélectionnée aux Jeux olympiques de Rome en
1960.
L’amicale
présente ses sincères condoléances à chacune de leur famille respective