Le pollueur payeur?


On parle de plus en plus d'un "droit à polluer" où le bénéficiaire devrait "acheter" ce droit. Il s'agirait non pas d'une pénalité financière mais d'une compensation payée à la collectivité pour les dommages causés à celle-ci par cette pollution. On espère ainsi revenir à l'équilibre en affectant uniquement ces rentrées fiscales à la réparation de ce qui a été détruit. Y parvient-on vraiment?  Le coût parfois très élevé de la dépollution permet d'en douter.

Avant qu'il ne soit trop tard, il est peut-être temps de réaliser qu'il est parfois préférable de supprimer la source de pollution plutôt que de financer une dépollution de plus en plus coûteuse. Supprimer une source de pollution suppose donc qu'une part non négligeable de cet argent soit affecté à la recherche avec le but unique de permettre au bénéficiaire du "droit à polluer" d'exercer une activité comparable avec des technologies non polluantes.

 

Lorsque la pollution cesse, la nature a heureusement la merveilleuse faculté de reprendre ses droits.  Elle le fait plus ou moins vite. Une ville polluée par les gaz d’échappement se régénère rapidement après un coup de vent. Dans ce cas on ne peut pas parler de frais de dépollution et les rentrées fiscales provenant du "droit à polluer" des 4x4 en ville devraient être affectés uniquement au développement d’une voiture électrique urbaine de petite taille.

 

Le temps de régénération du sous-sol alluvionnaire de nos rivières lorsqu’il est pollué au PCB ou par des métaux lourds est malheureusement infiniment plus lent. Ces produits à longue durée de vie se fixent d’autant mieux sur les alluvions que les vitesses d’écoulement des nappes libres sont beaucoup trop lentes pour entraîner ces produits vers l’aval. De ce fait notre sous-sol ne se régénère qu’extrêmement lentement. Dans ces cas extrêmement graves de pollution, il ne s’agit naturellement plus d’un "droit à polluer" . Cette pollution, peut-être déjà à l'état latent en place depuis la deuxième guerre mondiale s'est développée sournoisement dans notre sous-sol. La recherche des causes et une prise de conscience des erreurs du passé est essentielle dans ce genre de pollution. La poursuite des responsables aussi, particulièrement lorsqu'ils sont solvables. Lorsque le coupable est l'état, c'est chacun d'entre nous qui devra participer au financement. La logique voudrait que la pénalité financière infligée au pollueur soit proportionnelle au dommage causé.

 

Il est inadmissible que l'on puisse s'empoisonner en mangeant du poisson pêché sur la basse Seine*. 

Il n'est pas acceptable que les pécheurs - qui payent pourtant au prix fort le "droit de pêcher" -  ne puissent se livrer à leur activité favorite sur la bas Rhône

 

On espère pouvoir aider la nature et diminuer le temps de régénération du sous-sol alluvionnaire de nos rivières avec la phytoremédiation.

Cette technique génétique démultiplierait la capacité naturelle des plantes à dépolluer les sols gorgés de polluants. Les nitrates, pesticides ou autres métaux lourds seraient transférés par les racines vers les branches et le feuillage de certaines plantes.

 

La pompe à chaleur sur nappe qui fourni une énergie thermique globalement "positive" pourrait aussi participer à cette régénération. Malheureusement, sur certaines rivières comme la basse Seine et le Rhône entre Lyon et la mer, il est maintenant presque trop tard. Pour ces cas extrêmement graves de pollution on a compris trop tard qu’il fallait de supprimer la source de pollution. Il sera très difficile de réparer les erreurs passées.

 

Faut-il rappeler le premier alinéa de notre constitution   
1) Chacun a le droit de vivre dans un environnement équilibré et favorable à sa santé