L’enlèvement de barrages dans le monde

 

Les USA ont compris l'intérêt qu'ils vont retirer pour leur environnement de l'enlèvement de certains barrages. Environ 200 barrages ont déjà été enlevés et 400 enlèvements sont en prévision. Freiné par la crise, le programme de protection de la biodiversité aux USA prend cependant de l'ampleur. C'est sous l'impulsion de scientifiques, des ONG, des pécheurs, des agences fédérales et de certains hommes politiques de premier plan comme Cecil Andrus, ancien directeur de l'Idaho, que les américains ont lancé un programme d'effacement d'ouvrage obsolètes comprenant parfois de grands ouvrages ayant un grave impact sur toute la longueur de la rivière et même au-delà dans les estuaires appauvrissant la biodiversité à échelle régionale.

 

Les principaux effacements déjà réalisés:

 

Les deux grands barrages Elwha et Glines Canyon sur la rivière Elwha

Le barrage d'Edwards sur la rivière Kennebec

La démolition du barrage de Marmot construit en 1912 sur la rivière Sandy dans l'Orégon en 2007

 

Les projets à venir

 

La Californie veut enlever le barrage de Matilija de 60 m de haut pour restaurer les plages de Ventura ainsi que le Rindge dam haut de 30 m sur la rivière Malibu pour laisser remonter la truite Steelhead et reconstituer les plages.

La Californie a aussi sous la présidence de Ronald Reagan prévu d'abandonner le projet de Ros Rios sur la rivière Eel en 1980 et décidé d'enlever l'ouvrage d'O'Shaughnessy qui a noyé la vallée de la rivière Hetchy dans le magnifique parc naturel du Yosémite.

Cet ouvrage haut de 90 m fournit de l'eau à 2,4 millions d'habitants et 75 000 entreprises de la baie de San Francisco mais des solutions alternatives pour l'approvisionnement semblent exister.

Toujours en Californie des regroupements de fermiers, ONG, pêcheurs se sont constituées pour enlever 4 barrages sur la rivière Klamath et plus au nord également 4 grands ouvrages sur la rivière Snake (bassin de la Columbia) construits entre 1955 et 1975 ces barrages ayant provoqués la disparition du saumon.

Plus impressionnant, une campagne de nombreuses ONG américaines est lancée pour effacer le barrage de Glenn Canyon dam haut de 200 m qui a noyé environ 150 km de gorges de la rivière Colorado.

Dans le l'état du Maine une coalition nommé la "Penobscot River Restoration trust" s'est constituée en 2004 pour sauver la rivière Penobscot et favoriser sa restauration écologique. Fait singulier, cette association regroupe en plus des acteurs habituels, le propriétaire du barrage et les communautés indiennes (Penobscot Nation),

 

*Margot Wattström    Commissaire Européenne de l’environnement 2004

 

Et la France ?

Les choses sont en train de changer en Europe mais en 2022, pour ce qui concerne la France et malgré une année de forte sécheresse, ce sont toujours les barrages hydroélectriques qui ont occupé avec 11%  la 2ème place dans notre pays. Ceci loin derrière le nucléaire certes (63 ­%) mais devant l’éolien (9%) et le solaire (4%).  Dans la pratique, la grande majorité de la production électrique de provenance hydraulique est assurée en France par une minorité de barrages de forte puissance supérieure à 10 MW comparable à celui de Serre-Ponçon sur la Durance. Les structures de faible puissance bien que très nombreuses, ne représentaient en 2020, selon le ministère de la transition énergétique, que 2% du total. Avec l’arrivée de l’hydrogène, leur enlèvement pourrait redonner à nos amis canoéistes et kayakistes leur terrain de jeu sans affecter notablement la production globale.