Barrages utiles et
inutiles : Faire le tri !
Les grands barrages ont été construits pour assurer le développement
des sociétés industrielles : stocker de l’eau pour l'énergie, l'eau potable,
l'agriculture, faciliter la navigation,
« contrôler » les crues. Beaucoup d'entre eux
ont bien répondu à leur mission et sont toujours indispensables. Mais les
grands ouvrages ont aussi généré des impacts négatifs très lourds sur
l’écosystème de d'eau courante : ils modifient le transport des sédiments,
conduisant à l'enfoncement du lit des fleuves, au recul du littoral. Ils
constituent des obstacles le plus souvent infranchissables pour les poissons
migrateurs. Ils contribuent, en transformant un écosystème d'eau courante en un
plan d'eau stagnante, à dégrader la qualité de l'eau, émettant quelquefois
d'importantes quantités de méthane, un puissant gaz à effet de serre. De plus,
en donnant accès à des quantités phénoménales d'eau, ils induisent parfois des
gaspillages colossaux, en particulier dans le domaine agricole. On estime enfin
que 60 millions de personnes ont été déplacées dans le monde suite à leur
construction : il est donc nécessaire, après un siècle d'artificialisation
continue des milieux, de poser la question de l'utilité de certains barrages,
d'autant que des techniques nouvelles de production d'électricité
renouvelables, d'énergie thermique
basées sur la thermodynamique moderne utilisant le rythme des saisons
permettent de maintenant de prélever l'énergie environnante dans l'air ou l'eau
des nappes phréatiques, d'économie d'eau en gérant les crues.
Sauf à mieux gérer le débit
des rivières françaises à régime glacière entre le jour et la nuit et à
améliorer le stockage de l’énergie électrique avec les STEP, espérer
développer encore plus l'hydroélectricité en respectant la biodiversité des
rivières relève de l'utopie. La construction du barrage EDF de Petit saut en Guyane présente
maintenant un taux d’émissions de gaz à effet de serre par habitant 3 fois
supérieur à celui de la France métropolitaine : Sensiblement le même
taux que celui des USA* |
La retenue du barrage EDF de Petit saut en
Guyane |
Le tableau ci-dessous situe les « barrages au fil de
l’eau » par rapport aux principaux grands "barrages
à lacs",
Barrage |
Rivière |
Retenue |
Energie annuelle |
Surface retenue |
Type |
|
|
Millions m3 |
GWh/an |
Ha |
|
Les grands barrages à lac EDF |
|||||
Serre Ponçon |
Durance |
1270 |
700 |
2800 |
Poids |
Saint croix |
Verdon |
767 |
142 |
2180 |
Voute |
Ain |
605 |
235 |
1600 |
Voute |
|
Bort |
Dordogne |
477 |
310 |
1070 |
Poids/voute |
Les barrages "au fil de l'eau"
dont l'effacement était envisagé par le Grenelle |
|||||
Poutès |
Allier |
2,4 |
82 |
39 |
Ancien design |
La Roche qui Boit |
Sélune |
Une convention signée en juin 2010 prévoit l'effacement
de ces deux principaux barrages sur la Sélune et la restauration du milieu
aquatique formé par cette rivière à saumons. |
Ancien design |
||
Vézins |
Sélune |
Ancien design |
|||
Zoza |
Rizzanese |
1,3 |
80 |
20 |
|
La première bataille a été engagée et gagnée par Jacques Chirac avec
l'ajout à notre constitution de la charte de l'environnement.
- La deuxième a malheureusement été perdue par l’ancien Président de la
FFCK avec le barrage sur le Rizzanese ce qui ne signifie pas toutefois que la FFCK a perdu la guerre.
- La troisième véritable bataille pour la biodiversité va être tenue
prochainement. Elle concerne l’effacement de certains grands obstacles
transversaux liés à la production électrique comme le barrage de Poutès.
Cette bataille a commencé sous
l'action de Roberto Epple, Président de SOS Loire
vivante il y a quelques mois.
Elle concerne aussi le respect
de la loi concernant certains petits obstacles et l’effacement des micro centrales installées illégalement
- Quant à la quatrième bataille,
celle qui vise à arrêter de mutiler nos rivières avec les " barrages au
fil de l'eau", elle ne fait que commencer. Les travaux du barrage de Zoza suivent
leur cours et l'on voit mal comment l'EDF pourrait trouver une solution
technique évitant l'effacement du barrage de Poutès
préservant la production électrique tout en évitant l'impact nuisible sur la
vie aquatique.