Les premières assises régionales de l’énergie,
organisées mi-mai à Paris, ont été l’occasion de rappeler que la géothermie est
depuis longtemps utilisée en Ile-de-France et qu’elle est l’axe majeur de la
future politique énergétique du Conseil régional.
C’est au début des années 1980, à la suite des
premiers chocs pétroliers, que les collectivités d’Ile-de-France se lancent
dans le développement de la géothermie pour satisfaire la demande énergétique.
Quarante-cinq réseaux de chaleur seront ainsi installés. Mais, la chute du
cours du pétrole en 1986 stoppe net le développement de la filière et n’incite
pas les pouvoirs publics à soutenir la maintenance des exploitations
existantes. Le tiers des réseaux mis en place sera tout simplement laissé à
l’abandon, faute de financement. Mais les temps ont changé. A l’heure où le
prix du baril frôle les 128 dollars et où les prévisions ne sont pas à la
baisse - la banque américaine Goldman Sachs vient d’annoncer que le prix du
baril pourrait atteindre les 200 dollars d’ici deux ans -, le Conseil régional
d'Ile-de-France a décidé de renforcer son plan géothermie mis en place en 2000.
C’est pourquoi la région, qui jusque-là ne soutenait que l’exploitation et
l’extension des réseaux déjà existants, aidera dorénavant les projets
d’installations de nouveaux forages. Des fonds de garantie "'court
terme" couvriront le risque de ne pas obtenir, lors d’un forage, une
ressource géothermale présentant des caractéristiques de débit et de
température suffisantes pour assurer la rentabilité de l’opération projetée.
L’Opac du Val de Marne : un quart de siècle d’expérience
Utilisés depuis plus de 25 ans par l’Office public
de l’aménagement et de la construction (Opac) du Val-de-Marne, les réseaux de
chaleur mis en place vont puiser l’eau naturellement chaude à 70°C dans une
nappe aquifère communément appelée Dogger. Le captage de l’eau de cette réserve
apparue au jurassique moyen nécessite la mise en place de forage en acier
allant jusqu’à 2 000 m de profondeur, et donc en amont d’investissements
importants. Jean-Yves Porsmoguer, en charge du réseau d’Orly et de Choisy, a
rappelé aux participants des premières assises régionales de l’énergie que de
tels travaux ne peuvent alors se justifier que pour un minimum de 4 000 à
5 000 logements. En effet, les travaux pour la mise en place du nouveau
doublet qui vient remplacer celui abandonné suite à un grave accident technique
en 2005, ont nécessité plus de 10 millions d’euros d’investissement. Mais il a
aussi précisé que depuis un quart de siècle, la source d’eau chaude n’a jamais
tari, il annonce un débit de 300 m3/h pour le nouveau puits. Ce qui explique la
confiance de Jean-Yves Porsmoguer dans cette source d’énergie. Même si le coût
des forages est plus élevé en France qu’en Allemagne où la concurrence entre
les nombreuses entreprises compétentes dans le domaine encourage la baisse des
prix et stimule le développement technique, l’Opac se réjouit d’avance des
économies à venir par rapport à son système actuel de chauffage. La géothermie
lui revient à 27 euros le MWh, contre 40 euros pour le gaz utilisé suite à
l’arrêt de l’ancien doublet. A une autre échelle, l’économie annuelle atteint
150 à 200 euros pour une famille de quatre personnes, soit l’équivalent de 20 à
30 % d’une facture moyenne de chauffage.
Eric Leysens