Les
anciens moulins et les micros centrales
Il y a un trop grand nombre de barrages
construits sur les rivières dites non navigables. Ces barrages sont souvent les
vestiges de vieux moulins souvent réaménagés en résidences secondaires et parfois
en microcentrales productrices d'électricité. Lorsque des déversoirs existent,
ils devraient permettre le passage des embarcations. On doit malheureusement
constater qu'ils sont souvent inutilisables car dégradés. Des glissières ont
parfois été aménagées mais elles ne sont pas toujours d'une sécurité suffisante
(profil dangereux ou position trop éloignée de la berge d'où une sécurité
active est possible). On peut s’interroger qui, des propriétaires riverains,
des Ponts et Chaussées ou autre autorité est concerné par l’entretien ou
l’aménagement de ces sites et surtout, qui finance cet entretien. Ce
travail d’aménagement, acquis durement au titre du "droit de
passage", a été commencé sur de nombreux parcours mais est loin d’être
terminé. Le passage d’une glissière qui permet de descendre une rivière sans
portage en toute sécurité et pourquoi pas à bateau plein, est non seulement
très agréable mais est aussi une ouverture vers le tourisme de découverte.
Quant aux microcentrales qui dénaturent parfois nos rivières, elles ne sont pas
le plus souvent adaptées à notre environnement. Ce sont parfois des concessions
qui se transmettent au sein d’une même famille à l’initiative de particuliers
au détriment du bien collectif parfois des implantations contraires à la loi.
1) Pour quelques KWh de plus, le débit non dérivé devant être laissé
pour le passage des embarcations et des poissons n’est pas respecté.
Heureusement, dans les cas nuisant trop à l’environnement, la mobilisation des
associations à l’échelon local permet parfois de faire échec au renouvellement
des concessions.
La rivière nous a-t-elle déjà trop donné?
Pas forcément. Elle nous a permis depuis 1950 de produire de l'électricité bon
marché sans générer les gaz nocifs provenant de la combustion des produits fossiles.
C'est en effet la vente de l'électricité produite par les centrales
hydroélectrique qui a permis à L'EDF de progresser et de financer la cherche
nucléaire où elle excelle maintenant. Elle nous a déjà tellement donné que l'on
pourrait douter de ses capacités de continuer à le faire. C'est mal la
connaître. Mais il ne faut pas lui demander plus que ce qu’elle ne peut
raisonnablement donner pour la production électrique. Si l’émotion suscitée par
l’installation de microcentrales sur une petite rivière à régime glacière telle
que le Gyr est exagérée on ne peut que s'émouvoir des
projets de barrages au fin de production électrique
qui reste - quoi qu'on en dise- en suspens. Il y a assurément des chaines énergétiques
plus intelligentes que celle consistant à se chauffer avec des
radiateurs électriques style grille-pain avec de l’électricité
renouvelable provenant de l’hydroélectricité. En effet, la rivière et la nappe
libre qui communique avec elle n’a probablement pas fini de nous aider pour le
chauffage de l’habitat grâce au chauffage thermodynamique en raison de la
réserve d’énergie thermique considérable contenue en son sein.
Ce qui semble
essentiel dans tous ces problèmes de prélèvement d’une partie du débit de la
rivière - quel que soit d’ailleurs la motivation du prélèvement - est la part de débit laissée dans la rivière
par rapport à son débit naturel. Quand la rivière est généreuse et augmente son
débit naturellement d’une façon importante en fin de journée lors des heures
chaudes de la journée comme le fait une rivière à régime glacière on ne voit
pas pourquoi on ne profiterait pas momentanément de ses largesses. Il n'y a
dans ce cas que des avantages à prélever une partie de son débit sous réserve
de laisser courir dans son lit un débit qui ne soit jamais inférieur au débit
naturel qu’elle avait aux heures les plus froides de la journée. Ces rivières à
eaux froides sont souvent dangereuses par haut débit et voilà une façon
intelligente de domestiquer la rivière, d’améliorer la sécurité tout en
continuant à produire de l’énergie renouvelable bon marché ne provenant pas de
la combustion des produits fossiles. Non, sincèrement dans le cas des rivières
à régime glacière, aucune polémique basée sur des conflits d’intérêt ou un
amour immodéré de la nature ne devrait s’installer. Le seul problème est de
s'assurer qu'il reste toujours dans ces rivières, qu'il s'agisse d'une petite
rivière comme le Gyr, ou d'une plus grosse comme
l'Isère, heures de navigation ou pas, un débit au moins égal à celui des
heures les plus froides de la journée, pas de savoir s'il est
préférable de prélever seulement 2 m3/s ou 50 m3/s ou de
savoir si les gains sont marginaux ou non. Une seule remarque, le choix de
microcentrale à haute chute me semble préférable dans ces cas particuliers si
l'on considère le risque que constitue pour la sécurité cette alternance de
haut et de bas débit entre des microcentrales trop rapprochées l'une de
l'autre. A la fin du printemps et
pendant l'été, lorsque le débit est trop important, les eaux froides d'une
rivière comme l'Isère en aval de bourg Saint Maurice sont dangereuses. Limiter
le débit dans le lit naturel de la rivière améliorerait la sécurité et
permettrait d'accroître la production hydroélectrique.
Il faut par contre prendre garde que l’obligation de
rachat par l’EDF du courant électrique produit par le particulier à des taux
nettement plus élevés que le prix marché n'entraîne des installations non
conformes à des règles d'implantation qui devraient maintenant être dédiées à
l'avenir du Canoë-Kayak et à sa sécurité, au plaisir du touriste nautique et du
promeneur pédestres longeant ses berges . Cette pratique commence à être
combattue au niveau européen, probablement pour faire échec à cette notion de
monopole. C'est tant mieux, parce que, apparemment généreuse, elle incite à
implanter ces microcentrales en dépit de leurs nuisances et elle introduit une
notion de dépendance qui peut se retourner à long terme sur le particulier.
Alors qu’elle ne présente pas d’inconvénient majeurs pour l’environnement dans
le cas des cellules photovoltaïques ou des éoliennes offshores, le constat
n'est pas le même pour les microcentrales qui subsistent ici ou là sur les
rivières à régime pluvial ou pire encore sur les rivières générées par des
résurgences. Sur ces rivières à débit souvent assez faible, l'impact sur
l'environnement peut être assimilé à une véritable nuisance. Pour produire
quelques kWh de plus, le débit prélevé pour alimenter la microcentrale est
augmenté par l’exploitant et ce qui reste dans le lit naturel est triste à
voir. Ce constat est encore plus affligeant sur les rivières à usage
touristique telles que l’Aveyron, la Sorgue ou le Lot. Il
est naturellement douloureux pour un propriétaire riverain auquel un droit
d’exploitation à été consenti à ses parents de se
voir retirer ce droit de son vivant pour ses descendants, mais sur ces rivières
particulières, il y va de l’intérêt général. Il faut toutefois se garder
de généraliser car le problème des micros centrales est fait de cas
particulier. Certaines d'entre elles disposées sur le bas cours des fleuves
dans des bras de dérivation présentent moins d'inconvénient pour
l'environnement.
1)
Article extrait du "canard
enchainé" en 2011
Bon à savoir : Le Canard n’a pratiquement jamais perdu les procès qui lui ont été intentés