Tous les écoliers ainsi
que naturellement tous les ligériens* savent que la Loire, le plus long des fleuves de
France (1 020 km avec un immense bassin
de 115 000 km²), prend sa source au mont Gerbier-de-Jonc.
Ils ignorent peut-être que l’homme a joué un tour à la nature en
reculant de plus de 10 km la ligne de partage des eaux
Atlantique-Méditerranée. Destinées à rejoindre la région Nantaise, les eaux de la Loire sont captées au lac d’Issarlès dans le cratère
d'un ancien volcan par la volonté de l’homme et finiront dans la Grande Bleue
en faisant un grand saut de 630 mètres vers l’Ardèche toute proche. |
|
Lorsqu’ils se présentent au bec d’Allier, le saumon n'hésite pas:
il abandonne le fleuve et choisi la rivière, même s'il
réussissait à survivre jusqu'à Roanne malgré les poisons de l'industrie comment
pourrait-il franchir le barrage de Villarest. L'Allier
au contraire l'accueil en ami et il va pouvoir s'y reproduire à son aise
jusqu'au barrage de Poutès. Comme les saumons les canoéistes, lorsqu’ils arrivent à Pradelles par la N88, tournent plus volontiers vers l’ouest
et rejoignent l’Allier à Langogne plutôt que la Loire pourtant toute proche.
C’est donc seulement au printemps et à la fonte des neiges, lorsqu’une partie
des eaux s'échappe du lac d’Issarlès, que l’on peut descendre la Loire dans
une eau moins polluée. Principal affluent rive gauche de la Loire, l’Allier,
avec son grand bassin de 14 400 km², n’a donc pas connu ce mauvais sort. Le
canoéiste en mal d’espace y trouvera un joli parcours de plus de 350 km qui
ignore les villes. Comme par enchantement, son cours poissonneux ne s’approche
que de deux villes, Vichy et Moulin, en les contournant.
S’il n’y avait
ce malencontreux barrage de Poutès tant critiqué à
juste titre par les pêcheurs et les canoéistes randonneurs, ce serait presque parfait.
Il reste à espérer, au moment où la concession qui a été accordée pour
l’exploitation de ce barrage prend fin, que l’EDF et les collectivités locales
prendront conscience qu'il est nécessaire de laisser la nature reprendre ses
droits. Les deux principaux affluents rive gauche de l’Allier sont l’Alagnon, qui nous vient des monts du
Cantal et la Sioule.
Le bassin de
la Sioule,
deux fois plus important que celui de l’Alagnon, ne manque pas de charme.
Difficile de ne pas aimer la Sioule. Dommage que l’homme prélève ses eaux pour
les stocker, comme il l'a fait pour la Loire, dans le cratère d’un volcan et ne
les restitue que quelques mois par an. En cas de restitution, ne manquez pas
le parcours de 21 km sous Péchadoire, il est
attrayant et facile, classe II (3).
Sur la basse
Sioule, il y a aussi le parcours classe II III de 48 km entre le barrage
de Queille et Rouzat, on
l’on a de bonnes chances d’y trouver un bon niveau jusqu’en juillet. Mais la
descente est tributaire du lâcher d’eau du barrage de Queille.
L’Alagnon, seule rivière issue des monts du Cantal court souvent en gorges. On
parle souvent des gorges de l’Alagnon, mais desquelles ? Celles proches de
sa source aux monts du Cantal, ou celles de son embouchure avec l’Allier ?
Situées entre l’Alagnon et la Sioule, et pour ceux qui n’ont pas froid aux
yeux, il y a trois petites rivières : les trois Couzes.
Elles se précipitent toutes trois du haut du Massif central pour se jeter en
contrebas sur la rive gauche de l’Allier. Elles ne peuvent se faire qu’en
automne après de fortes pluies ou à la fonte des neiges. Elles se ressemblent
beaucoup par le paysage et l’extrême difficulté et ce n’est pas pour rien
qu’elles portent le même nom, à tel point que l’on aurait du mal à les
distinguer les unes des autres sans leur suffixe : Chambon, Pavin, Ardes.
Les monts du Livradois n'apportent pas d'affluent significatif à l'Allier et
c'est seulement bien en aval des Couzes que la Dore**
rejoint l'Allier rive droite. Et puis, il y a tous les affluents de la Loire,
rive gauche avec, en partant de l’amont : Borne, Arzon, Ance, Andrable,
Mare,
Lignon, Aix et enfin la Besbre ( 100 km), puis rive droite
avec : Gazeille,
Lignon, Semène, Coise, Rhins et enfin l’Arconce. Elles
font partie de ces rivières peu connues. Prenez cette dernière par exemple l’Arconce:
Elle n’est citée dans aucun guide, pourtant les pécheurs du Charolais la
connaissent bien. Avec son parcours de 100 km, elle est plus longue que le Golo
- la plus longue des rivières corse- on peut mettre à l’eau au pré St-Nicolas à
Charolles où elle se grossit de la Semence et naviguer sur 70 km de méandres
classe I (2) jusqu’à son confluent à Digoin. Par hautes eaux, on peut
même partir de Grenouille !
* L'étude des noms des cours d'eaux
(l'hydronymie) nous en apprend beaucoup sur nos origines parce que les noms
des cours d'eaux sont généralement très anciens. Par exemple, au temps de
Jules César, ‘’Loire’’ se disait ‘’Liger’’. C'est
pourquoi les habitants du département de la Loire (42) sont des Ligériens. ** Un des plus long de nos trains
touristiques longe la Dore de Courpière à La Chaise Dieu (Semparel)
sur près de 85 km. Une seule locomotive à vapeur Corpet-Louvet
en cours de restauration se propose d'animer une vingtaine de communes en
franchissant de nombreux ponts et viaducs au cœur de l'Auvergne. |