Pour une eau propre
<< Nous buvons 80% de nos maladies >>
disait Pasteur. Dans la mesure où le corps de l’homme est composé à 80 % d’eau on comprend qu’il ait besoin d’eau propre
pour vivre et être en bonne santé
L’oxygène de l’eau
L’oxygène à la surface de la terre est l’élément essentiel de la vie. Ce
gaz se dissout dans l’eau, tout comme l’azote, autre constituant important de
l’air, pour y atteindre son niveau de saturation. Dans nos rivières,
l’oxygénation de l’eau est assurée principalement par l’agitation, c’est-à-dire
par les chutes, les barrages, les rapides, le vent et même par le brassage des
hélices des bateaux à moteurs. La synthèse chlorophyllienne n’y est pas
étrangère et y contribue aussi. Mais cet oxygène est consommé par des
agents réducteurs que l’on peut rencontrer dans l’eau et par les besoins du
monde vivant, par la dégradation des matières organiques et par certaines
réactions chimiques secondaires. Ceci explique que la chaleur qui favorise en
général les réactions chimiques, favorise aussi l’activité biologique,
microbienne, bactériologique ; activités souvent consommatrices d’oxygène
qui peuvent conduire à la pollution des eaux. Une eau sans oxygène devient
très vite une eau polluée. Les deux types de consommation d’oxygène se
désignent à la fois par la demande chimique en oxygène (DCO) et par la demande
biologique en oxygène (DBO). Ces paramètres se quantifient et se
mesurent ; toutefois, la DBO qui doit se mesurer sur 21 jours se mesure
pour la commodité sur 5 jours, ce qui donne en général une indication
suffisante : on l’appelle alors la DBO 5. Ces paramètres, avec le ph qui
qualifie l’acidité, la neutralité (ph7) ou l’alcalinité du milieu, sont les
plus essentiels pour caractériser la qualité d’une eau ou d’un rejet dans nos
rivières.
La pollution agricole, industrielle et les plastiques
Il y a cependant un domaine tout à fait inquiétant et difficile à
maîtriser, celui de la pollution agricole produite par les engrais, les produits phytosanitaires ou pesticides. La pollution des nappes
phréatiques par les engrais et surtout par les pesticides sont à l’origine de
la dégradation de la qualité des eaux de la plupart des rivières de plaine.
Plus grave, dans ces régions de basse altitude, la teneur en pesticides
contenue dans les eaux souterraines alimentant les puits par infiltration est
parfois alarmante. L'eau provenant de ces puits, utilisée pour l'alimentation en eau potable ne peut pas être bue
en l'état et doit être traitée ce qui augmente son coût. La compétitivité
internationale des exploitations agricoles est en jeu et il n’est pas question
d’envisager de condamner l’agriculture française. On ne voit pas pour l’instant
de solutions réalistes à ce problème qui ne devrait pas rester insurmontable
car techniquement il y a probablement des solutions. Faut-il avoir un autre
regard sur les OGN ? Il n’en va pas de même pour la pollution produite par les
concentrations de déjections animales qui peut parfaitement être maîtrisée par des traitements adaptés. Les remèdes et
solutions existent, mais cela a un coût. Pour résoudre ce problème, il faut une
volonté politique. Les sols du nord de la Bretagne sont pollués par la
déjection des élevages porcins et l'amende de 28 millions d'EUROS imposée à la
France par la CEE nous a été imposée pour le non-respect des normes de rejet.
Amende de plus renouvelable. Bravo et merci! Qu'il s'agisse de pollution agricole ou de
pollution chimique accidentelle, voire criminelle comme celle des vieilles
usines désaffectées (voir la pollution au PCB sur le bas Rhône)
La troisième forme de pollution est celle des micro plastiques transportés
par les fleuves vers la mer. Le mal est fait, ce n’est assurément pas une fois dispersé
dans la mer et les océans que l’on va pouvoir récupérer les quelques 150
millions de tonnes de plastique que l’homme y a envoyé. Le temps que la
recherche aboutisse avec les plastiques d’origine bactérienne, traiter le mal à
la source par une filtration sur le réseau de chauffage urbain associé aux eaux
superficielles pourrait être la solution (Voir
l’obsolescence de la combustion). Si la recherche scientifique abouti, les
plastiques de demain,
seront probablement fabriqué à partir de bactéries et se
dégraderont plus rapidement mais en attendant ……
L‘aspect de l’eau
Une autre caractéristique de l’eau est son aspect, c’est à dire sa
transparence ou plutôt sa turbidité qui n’a souvent rien à voir avec la
pollution, au sens commun du terme (son état pathogène). Le trouble d’une eau
est en général dû à des matières en suspension plus ou moins fines, allant des
sables à l’argile et aux suspensions colloïdales. Bien entendu, plus ces
particules sont fines, plus le trouble est stable, durable et plus ces
particules sont fines, plus leurs surfaces spécifiques sont grandes et plus
elles peuvent fixer des pollutions. Nous, les adeptes de la rivière, préférons
évidemment les rivières avec une eau claire et transparente : c’est plus
attirant et cela donne une impression de moindre difficulté. Mais attention,
une eau limpide peut parfaitement être polluée ou même chimiquement dangereuse
avec une valeur de ph extrême ou avec une activité microbienne intense. Une eau limpide n’est pas
forcément bonne à boire !
Rejets
des eaux polluées
Le pagayeur est parfois aux premières loges pour constater les dégâts
causés à la rivière. Il lui arrive de
constater que cette dernière est parfois considérée comme une poubelle
commode pour le rejet des détritus et des objets encombrants. Par respect
pour les populations situées en aval, le rejet d’eaux usées dans nos rivières
est interdit. Pourtant, en 2005, il était scandaleux de constater que dans
certaines vallées des Alpes, on essayait encore d’attirer les touristes en
leur vantant la pratique des sports d’eaux vives alors que dans le même temps
on tolérait encore le rejet d'eaux usées dans la rivière sans traitement
préalable. Les choses commencent à changer, mais attention aux contrevenants, cela devient de moins en moins vraie
et attention aux
retours de bâtons! |
Faute
avouée n’est pas pardonnée Aquarelle Michel Copin |
Les hommes qui mangent les poissons, les poissons
qui mangent les insectes, ainsi que ces derniers ont besoin d'eau propre pour
vivre. Lorsque l'on sait qu'un litre d'huile déversé dans l'évier souille
environ un million de litres d'eau douce soit la quantité d'eau suffisante à
un être humain pendant 14 ans l'idée d'utiliser une bouteille d'eau en
plastique bien fermée devrait probablement faire son chemin. Ceci de telle
sorte qu'elle soit brûlée dans la centrale de combustion des ordures en
générant de l'énergie thermique. |
Le
traitement des eaux
Le traitement des eaux usées relève d’une technologie spécialisée, très
bien maîtrisée à ce jour, pour peu que les installations soient suffisamment
dimensionnées et par ailleurs bien conduites. Il comporte des opérations
mécaniques : dégrillage (grosse filtration pour corps étrangers),
dessablage (décantation naturelle ou mécanique), dilacération (réduction de
certains déchets comme les chiffons, bois, cartons), déshuilage et dégraissage.
A ces opérations sont joints, séparément ou conjointement, des traitements
chimiques de neutralisation ou de précipitation, mais aussi de coagulation et
de floculation quand on se trouve en présence de particules colloïdales sur
lesquelles des polluants sont adsorbés, rendant ces suspensions très stables.
Mais les techniciens savent les déstabiliser. Enfin pour revenir à l’oxygène,
il est toujours nécessaire de procéder à une oxygénation par brassage à l’air
libre, par passage dans un vortex (tourbillon artificiel) ou par injection
d’air comprimé. On peut maintenant espérer que tous les rejets urbains,
industriels et même domestiques sont ou seront traités dans les prochaines
années avant d’être rejetés dans nos rivières. Une bonne vigilance des responsables est cependant
nécessaire.
Christian Vancauwenberghe et Jean Grossmann Lutins
nautiques
*Celui qui est en aval aussi dans certains cas extrêmes avec quelques centres d'enfouissement technique (CET) comme celui de la
glacière près de Nice en bordure
du littoral. CET qui sont en pratique des décharges et de véritable bombe à retardement. Le promeneur averti réalise aussi tout le mal que
l’on fait à la rivière avec ces décharges
Celui qui est en
amont a une grande responsabilité vis à vis de ceux qui sont en aval*